Quand je sera grande je voudra être caissière à la Fnac
Ils doivent en savoir des choses sur leurs clients, les caissiers de la Fnac.
Moi par exemple il y a trois ans, il l’a bien vu le vendeur que j’étais en pleine rupture et que je le vivais plus ou moins bien.
J’avais trouvé après des heures de recherche complètement par hasard « Le petit guide de survie de la rupture ». Or, il se trouve que -comme la vie est bien faite tagada tsouin tsouin- je venais de me faire jeter comme une merde de façon totalement impromptue par l’homme qui était selon mes calculs censés de demander en mariage dans l’année.
Après avoir longuement hésité avec l’encyclopédie des plantes aromatiques et potagères de la Vallée de la Drôme que je feuilletais distraitement en attendant que les trois pleupleus à côté de moi veuillent bien aller voir chez Virgin si j’y étais, j’ai finalement opté pour ce petit ouvrage qui, tout bien réfléchi, pourrait m’être plus utile.
Restaient quand même les quelques mètres qui me séparaient de la caisse à parcourir. Je voudrais vous y voir, vous, marcher dans la Fnac avec un livre « Je pue de la gueule c’est grave docteur ? » ou « J’ai une vie de merde et personne ne m’aime : aimer la vie quand même ».
Arrivée à la caisse, la caissière était un caissier, bien entendu. Jeune, évidemment.
- Bonjooooour ! (ton trop enjoué) Ca va bien ? Hey hey ! Pouet pouet la mouche qui pète ! Le petit bonhomme en mousse, qui s’élance et qui rate le plongeon...
A ce moment précis, j’aurai vendu mari et enfants pour trouver un autre livre, histoire de noyer un peu le poisson dans l’eau, du genre «Moi Camille, 22 ans, belle, jeune, riche et jamais larguée ».
Comme j’avais ni mari ni enfants, j’ai pu vendre personne et j’ai juste chopé un stylo porte-clé, un marque-page-règle, et petit livre à la couverture nature morte aux tons passés « pour la plus jolie des grands-mères ».
Un peu comme toi, quand tu dois acheter des préservatifs et que tu passes à la caisse avec un litre d’adoucissant, une paire de tongs et des crevettes décortiquées.
- Bonjour mademoiselle. (regard mi-compatissant mi-moqueur) C’est pour offrir ?
- OUI !!! Oui oui tout à fait. Pour offrir. C’est exactement ça. Hmm hmmm. Ouais ouais ouais.Une copine. Une connaissance quoi. Pauvre femme
- Je vous fais un paquet cadeau donc si c’est pour offrir ?
- Ah bah oui si c’est possible. C’est mieux. Vu que c’est pour offrir. A une copine.
- Vous êtes sure ?
- Absolument. Et un peu de bolduc. Pour faire une grosse rosette. Elle va être contente comme ça ma copine. Elle adore le bolduc.
Quelques secondes après.
- Voilà. Je lui mets mon numéro de téléphone à la fin pour quand elle sera guérie ?
- Ah ah ah ! (rire aux éclats. Pas du tout forcé. Ou si peu) Allez, à bientôt ! Je vais voir ma copine. Celle qui s’est faite larguer. Et qui aime le bolduc. Oui la même.
Voilà comment je suis repartie de la Fnac avec mon petit Guide de survie de la rupture, un stylo porte-clé, un marque-page-règle, et petit livre à la couverture nature morte aux tons passés « pour la plus jolie des grands-mères ». Encore heureux que j’en avais encore une, de grand-mère.
Tout ça pour dire que je compatis au moment de solitude de toutes celles qui, comme Clémentine le confiait dans un commentaire, pourraient se retrouver face à un vendeur curieux, et s’entendre répondre, d’une voix mal assurée, que « oui c’est pour moi. Non j’emménage pas avec mon mec. Bah en fait non j’ai pas de mec. Donc j’emménage encore moins avec lui vois-tu. Oui j’achète pour moi le livre « S’installer avec Jules et rester zen », pour ne pas emménager avec le mec que je n’ai pas. »
Après, je dois avouer que d’imaginer mon père, mon frère, un cousin ou un oncle, un pote ou un lecteur du blog, torse bombé, barbe naissante, poils qui ressortent de la chemise, parfum de mâââle et testostérone plein le sang, se pointer à la caisse de l a Fnac avec « Emménager avec Jules et rester zen », ça me fait un peu poiler quand même.
Alors, un conseil, les gars : n’hésitez pas à lâcher un rot, ou à vous gratter les couilles en payant. Ca vous éviter d’y laisser toute votre virilité.
Kmille, en mode un-molar-ça-marche-aussi-mais-c'est-plus-dégoutant