C’est ça la liberté sexuelle ?
On se berce de l’illusion qu’on a gagné en liberté, à pouvoir dire oui pour un câlin et non pour un café le lendemain.
Et si la seule chose qu’on avait gagné, c’était la possibilité de se perdre ?
J’ai l’impression qu’en se privant de rien, on se prive de l’essentiel. Qu’en faisant tout, tout de suite, on s’enlève la possibilité de voir ce que les choses auraient pu donner, si on leur avait laissé le temps de faire leur petit bout de chemin.
Qu’en prenant le dessert avant l’entrée, on se prive d’un bon repas.
Parce qu’après le dessert, il y a inévitablement le spectre du « Et maintenant qu’est-ce qu’on fait ? » qui vient gâcher la fête.
Inévitablement non, en fait. Il y a quand même des histoires vouées à se glisser nulle part ailleurs qu’entre deux oreillers. Laissons-lui au moins ça, à la pauvre liberté sexuelle.
Mais les autres…
Les premiers petits matins ne sont pas que cheveux décoiffés et sourires enjoués d’avoir partagé plus que l’addition la veille. Ils peuvent être aussi cimetières de relations, avortées d’avoir voulu courir avant d’apprendre à marcher.
Je voudrais revenir à l’époque de La Petite Maison dans la Prairie, où il y avait que Nelly Olsen pour aller batifoler dans la grange d’à côté.
Où les autres se laissaient le temps de se découvrir avant de se mettre à poil, aussi agréable que ce soit. Où ils mettaient pas le point final avant d’avoir commencé la phrase.
Je voudrais avoir l’intelligence de faire en sorte que les lendemains s’imposent, ou pas, plutôt que de les sacrifier en me laissant pas d’autres choix que de prendre une décision sans savoir où elle pourrait mener.
Kmille, en mode old-school (et vieille déprime)