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Café de filles
6 juin 2008

Z'auriez pas un euro ?

Je suis sollicitée tout le temps. Je dois avoir une tête de brave fille qui ne saura pas dire non.

D’ailleurs, c’est pas complètement faux, quand je ne donne pas à quelqu’un qui me demande de l’argent, ça me brise le cœur et je passe une journée de merde.

J’habite à Paris. Vous comprendrez aisément pourquoi je passe beaucoup de journées de merde.

Malheureusement, j’ai beau être une brave fille au petit cœur fragile, j’ai pas de quoi donner à chaque fois. Souvent donc, je dis non. Mais j’ai pas encore tout à fait le truc pour dire non. Du coup j’observe comment ils font, les autres.

Il y a ceux qui disent « Non j’ai rien du tout ». Tu vois, j’ai deux poches sur le devant de mon jean, deux derrières, et un cabas dans lequel je pourrai faire entrer une famille de somalien mais non. J’ai rien. Juste du matériel de couture et une clé de 12, au cas où. Et le paquet de cloppes que je m’apprête à acheter je vais le payer en épingles à nourrice.

Il y a ceux qui secouent leurs mains avec un regard déçu l’air de dire « bah non t’as vu il y a rien ».
Ah attends reviens, autant pour moi, j’avais pas vu j’ai un billet de 5 euros coincé entre le majeur et l’annulaire de ma main droite.

Il a ceux qui ne répondent pas ; Même à un chien on lui donne un regard quand il aboie. Ceux-là, je ne les comprends vraiment pas.

Il y a ceux qui disent « J’ai pas d’espèces ». Genre c’est vraiment ballot parce que je t’aurais bien donné un petit quelque chose dis ! Et si le clodo il prend les chèques, tu le dégaines vraiment ton stylo ?

Il y a ceux qui disent « J’ai pas d’argent ». Tu vois mec, je suis comme toi, j’ai pas d’argent. C’est vrai je suis propre et sapé, je pars pour ma journée de boulot, mais ne te méprends pas je suis payé en Haribo. J’ai eu une prime récemment, je t’offre un rouleau de réglisse ?

Il y a ceux qui disent « Oui tiens. Non je rigole. » Ceux-là ils sont vraiment pas sympas.

J’ai beau retourner le problème, je trouve pas de bonne réponse. Et je me surprends à dire non, désolée, avec un sourire désolé, et le pire c’est que je le suis vraiment, désolée, de devoir refuser à 10 après avoir donné à un. Mais c’est pas ça qui leur donnera à bouffer.

Kmille, en mode et-vous-vous-faites-comment ?

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Commentaires
B
Je peux pas j'ai piscine ! Vous ne voyez pas le rapport ? Lui non plus ! En général le temps qu'il comprenne je suis déjà très loin...<br /> <br /> Encore une fois je suis consterné de ma réponse et je me sors moi même ! ;-)
B
Un regard, un sourrire désolé<br /> <br /> par contre, je donne toujours à ceux qui font "quelque chose"<br /> j'ai une préférence, pour Mr Orgue de barbarie Bd Anspach à Bruxelles
S
Ce matin, je sors de mon parking pour aller au boulot. Et comme tout les matins, allongé dans un renfoncement, il y a ce Monsieur qui finit sa nuit. Il a ses habitudes, il "vit" ici. J'habite dans cette belle ville rose. Dans le sud, ou il fait beau... Mes couilles sur ton nez ouai, on se pèle le cul depuis plusieurs mois. Désolé... je m'énerve mais j'ai vraiment l'impression de m'etre fait avoir! Donc il fait gris, froid, il a encore plu. Et la je vois ce Monsieur qui tremble, mais vraiment beaucoup. Je stope la voiture, marche arrière. Revenu à son niveau, il venait de se redresser. Il capte pas ce que je lui veux... D'un autre coté, il vient de se réveiller il a le droit d'avoir la tete dans le fion le Monsieur! Au bout d'un petit moment il me comprend et me fait signe que tout va bien. J'ai fait ok! Un signe de la main et je suis parti au boulot.<br /> Je le vois quasiment tous les jours, il ne m'a jamais rien demandé. Ce matin j'étais prets à appeler les pompiers. Je lui ai peut être rien donné mais j'aime à penser que je lui ai offert plus que de la monnaie. Aujourd'hui, quelqu'un s'est inquiétté pour lui...<br /> <br /> PS: je compte attaquer le sud pour publicité mensongère... Sans déconner, merci le printemps!
T
Oui, laurent, je vois ceux dont tu parles, ceux qui font partie d'un véritable réseau; ceux à qui on casse volontairement des membres et dont les os se ressoudent mal et qui nous prennent par la pitié. C'est un véritable trafic reconnu (j'ai déjà vu un reportage dessus). Sans parler effectivement de ceux qui aménent en Mercédes (Ok, pas toute jeune la Mercédes mais quand même)tous leurs 'travailleurs' et les récupérent le soir, à heure fixe. Compter sur la pitié des gens, ça peut rapporter...<br /> Comment déceler le 'vrai' du 'faux' mendiant? Se laisser aller à son jugement, à son ressenti?
T
Le pire, c'est qu'il n'y a pas de 'bonne' attitude.<br /> J'ai vécu dans le Nord, Paris, le Sud, partout on rencontre la misère, peu importe notre façon de faire, il y a un malaise.<br /> Pour l'anecdote, je dis que je ne donne pas d'argent (et c'est vrai): je m'explique...<br /> Je me souviens étant étudiante, je retirais de l'argent au distributeur, un mec était assis à côté et demandait de l'argent... Je me voyais mal lui refiler mes 100 francs de l'époque. Je suis allée acheter un sandwich et un petit pain à la boulangerie d'à côté et suis venue vers lui. 'Je ne donne pas d'argent, mais, tenez, je viens juste de l'acheter; c'est pour vous.' Il m'a envoyée bouler!!! Je lui ai demandé de le prendre au moins pour son chien! Je me suis retrouvée avec un sandwich et un petit pain pour manger le soir! (si je m'étais pointée avec un 'litron' quel effet ça aurait eu?)<br /> Une autre fois (quelques années plus tard), quand je travaillais encore sur Paris, j'étais dans le TGV avant qu'il ne parte. Une dame monte, fais son blabla comme quoi elle est sans domicile, a un petit garçon et que ce serait bien si on donnait une petite pièce... C'était la première fois que je voyais 'ça' dans un TGV. Dans le métro, RER, malheureusement, d'accord, mais là... Alors, dans le même principe, je sors un ticket restau d'une valeur de 8,30€. Elle regarde le montant et me dit:'Vous pouvez m'en donner encore un, on est quand même 2, avec ça, je ne peux même pas payer 2 menus à Mac Do...' J'en suis restée bouche bée et j'ai répondu que non, et que pour moi, 8,30€ c'était déjà pas mal par rapport à 1€ qu'elle aurait pu avoir (ou ne rien avoir...)<br /> Un autre jour, je revenais du travail (toujours sur Paris), j'avais acheté une baguette et je rentrais chez moi, à pieds. Je croise deux 'SDF' (j'aime pas ce mot, passons) et l'un d'eux me demande de l'argent. Effectivement, je n'avais plus d'argent, tout était dans ma baguette... Qu'à celà ne tienne, l'autre m'a arraché la baguette des mains, je suis rentrée bredouille chez moi!<br /> Quoi en penser? On ne sait jamais comment faire!<br /> Si on prend le temps d'écouter, de répondre, on se fait avoir et si on ignore (et à mon sens, l'ignorance, c'est terrible, c'est ne pas se soucier de ce qui peut se passer autour de nous, ne pas les considérer déjà qu'ils ont tout perdu), on se fait insulter... Mais, face à de tels comportements...?!<br /> Maintenant, je donne quelques pièces à celui qui se trouve à la sortie de la librairie et là, ça ne semble poser aucun problème... <br /> Et aux autres... Je réponds non. Un non gentil mais qui reste ferme qui ne laisse aucune discussion possible, mais, je réponds parce que oui, on a affaire à des personnes.
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