Moi et ma petite vie
Ce message s’adresse à tous mes détracteurs. (Et à Evenie , voir dans les commentaires du post précédent)
Moi et ma petite vie, on s’entend vraiment bien.
On n’est pas du genre très baroudeuses, et plutôt du genre à préférer le carnaval de Dunkerque à une semaine en Malaisie.
Je vais même vous dire, plus il se passe rien, plus ça nous plaît.
Quand j’étais au collège, un jour ça a été la révolution : on avait installé au CDI un outil miracle qui permettait de chercher des livres par thème sans se taper tous les rayons un par un. Un espèce de moteur de recherche interne, quoi, mais en 1995, croyez-moi c’était un miracle (le coup de vieux d’un coup…)
Comme ça, on pouvait trouver facilement les bouquins sur la disparition des moules du Bassin d’Arcachon, la vie des hippocampes en 744 avant JC, ou encore la formation des stalactites en milieu urbain. Il y avait juste à taper : vie hippocampes –744, disparition moules bassin Arcachon, bref, vous avez compris et pour la peine je vous épargne la liste.
Quand Mme Chartier, responsable du CDI, a voulu me faire une démo, elle m’a demandée ce que je voulais taper. Je lui ai dit : « vie quotidienne ». Elle m’a demandée « vie quotidienne au moyen-âge, au Pole Nord ou en l’an 3000 ? ». Je lui ai dit « vie quotidienne en France en 1995 ».
Elle m’a regardée d’un drôle d’air (et il y avait « 0 réponses correspondant à votre recherche »)
Ce que je voulais c’était des histoires de famille, des histoires d’amour, des histoires d’amitié, qui commencent bien ou mal, qui terminent mal ou bien, pourvu qu’elles aient lieu.
Quand je regarde des films, c’est ça aussi que je recherche. Des histoires auxquelles je peux m’identifier, identifier mes amis, mes amours et mes emmerdes. J’ai pas encore compris la moitié de ce qui se passait dans ma tête et dans celle des autres aujourd’hui et ici, alors autant vous dire que ma priorité n’est pas d’aller chercher à 10 000 ans ou 10 000 km.
Et même si je baisse de 20 marches dans votre estime (à supposer que j’avais déjà réussi à en grimper 20), c’est la misère en bas de chez moi qui me retourne le plus, et dans les récits de guerre, c’est les amours, les trahisons, les engagements, les sacrifices d’une vie, et tout ce qu’elle peut révéler chez un être humain, plus que la stratégie géo-politique utilisée.
Alors toi qui méprise les « petites vies », prends-tu le temps d’écouter celle des autres, de te mettre à leur place et dans leur tête, as-tu du plaisir à écouter tes grands-parents te raconter leur vie, pas forcément parce qu’elle a été hors norme, mais parce qu’elle a été la leur ?
Alors, non, ma petite vie et pas forcément mieux que la grande tienne, mais elle me plaît bien comme ça.
J’ai pas besoin d’espaces infinis pour me dire que notre vieille planète est pas si moche que ça, j’ai pas besoin de rencontres du 3ème type pour me dire que les gens sont passionnants, j’ai pas besoin de marcher seule dans le désert pendant deux semaines pour me poser des questions existentielles.
Et j’ai pourtant beaucoup d’admiration pour ceux qui le font, parce que pour être tout ça fait honnête, ça tombe bien que j’en ai pas besoin parce que j’en serai complètement incapable.
Alors oui, c’est peut être parce que j’en suis incapable que je préfère me dire que j’en ai pas besoin. Ou pas. Bref, à toi de juger.
J’ai vu Into the Wild vendredi soir, le magnifique film de Sean Penn qui raconte la vie d’un jeune homme de 23 ans dingue de liberté, et pour qui la seule façon de vivre et de vivre en marge de la société, dans des espaces désertés.
Je peux pas m’empêcher de me demander ce qu’il fuit. Peut-être que je fuis l’inconnu, mais lui fuit le connu.
Je crois que je suis pas faite pour passer mon temps à dire Adieu, et que ce qui me plait dans les choses c’est aussi de pouvoir les partager.
Kmille, en mode mais-ta-grande-vie-est-sûrement-très-bien-aussi