La roue tourne mon gars
Un peu trop vite, parfois. Et un peu violemment, aussi. Bref, elle est rodée la petite.
Je me le disais souvent, ça, à l’époque ou j’étais Ste Camille, victime innocente des bassesses de ce monde en général et des hommes en particulier. J’en chiais mais c’était pour du meilleur, puisqu’un jour je m’en sortirai et pas lui, pas eux.
La roue a tourné en effet. Elle a mouliné même. Je m’en suis sortie, et en beauté s’il vous plaît. Décidée, résignée, et apaisée. Grâce aux bras d’un autre, certes, mais ça compte quand même.
Puis j’ai voulu plus, à défaut de pouvoir mieux. Alors plutôt que de fermer cœur et porte aux tentatives d’approche de celui qu’on appellera désormais mon ex (et que sur son nom je vais passer un coup de typex – Grand Corps Malade, spéciale dédicace si tu me lis jte kiffe grave) j’ai joué le jeu. Le jeu de celle qui en a chié et qui prend un plaisir malsain à voir les rôles s’inverser et les cartes se redistribuer.
J’ai donc alimenté consciencieusement l’ambiguïté, toute protégée que j’étais par les bras et la présence de l’autre.
J’ai pensé à l’un quand j’étais avec l’autre, pensé à l’autre quand j’étais avec l’un, quitté l’un pour retrouver l’autre, et quitté l’autre pour retrouver l’un.
Je tenais les rennes, je ne prenais pas de risque, je me rassurais de l’absence de l’un par la présence de l’autre, et réciproquement.
Puis un jour l’un s’en est allé. Si vous avez suivi, il restait quand même l’autre. Merde c’est pas compliqué, c’est pas comme s’ils étaient 10…
C’est triste une rupture, surtout quand c’est un mec comme l’un. Mais la douleur vous la sentez moins passer quand vous arrivez à vous nourrir de la pensée de l’autre.
Puis l’autre joue parfaitement le rôle que vous lui avez attribué, en vous faisant sentir que finalement, c’est pas comme si vous étiez seule.
Donc finalement tout le monde il est content. L’un est parti voir ailleurs si l’herbe était plus verte, l’autre fait son petit bout de chemin dans sa tête, et vous vous êtes pas vraiment en couple, mais pas vraiment seule non plus.
Jusqu’au jour ou l’autre vous annonce que lui non plus il n’est plus vraiment seul. Il ne l’est même plus du tout, puisqu’il a trouvé chaussure à son pied. Un pied pourtant difficile à chausser, c’est dire si la chaussure doit être ajustée.
Vous lui dites que c’est génial et que vous êtes ravie, mais bizarrement ça vous colle un horrible mal de bide en même temps.
En fait vous venez d’expérimenter le fait que oui, la roue tourne, mais elle ne fait pas qu’un tour.
Vous récoltez ce que vous avez semé, et vous vous dites que la moisson est vraiment pourrie cette année.
Kmille, en mode c’est-le-jeu-ma-pauvre-Lucette