Ah si j'étais un homme
Je serais pas capitaine d'un bateau bleeeeeu et blaaaanc. Par contre vendredi soir je me serais battue trois fois. Mais trois fois c'est "ah si j'étais un homme super pacifiste" hein. Autant vous dire que vendredi soir, mes nerfs ont été mis à rude épreuve.
Au lieu de ça, une fois j'ai ouvert ma gueule et ça a bien failli mal se terminer. Une fois j'ai été obligée de payer un escroc de taxi sans même monter dans son putain de taxi. Et la troisième fois j'ai rien fait d'autre que maugréer et jeter un regard revolver à un videur qui aurait mérité que je le pousse dans l'escalier avant d'avoir éparpillé des débris de verre et des clous aiguisés. Et j'ai dépensé 30 euros dans sa boîte. Heureusement que la soirée était finalement géniale parce que sinon à l'heure qu'il est je me laisserai pousser un phallus.
Et si j'étais un homme, je ne ferais pas partie des trous du cul de boîte.
Le trou du cul de boîte est facilement identifiable.
Il danse tout le temps. Or, je fais un blocage avec les hommes qui dansent. Malheureusement pour lui, paraitrait que je sois pas la seule. J'ai toujours préféré les piliers de bar. Sachez-le, les hommes, la danse chez vous, ça passe ou ça casse. Et le plus souvent ça casse. Les déhanchements maitrisés, les gestes qu'on sait calculés, ça vous casse un charme, ça vous casse un homme.
Le trou du cul de boîte a un regard pesant. Où qu'il soit, vous le sentez. Et vous avez beau savamment l'éviter, il est tellement partout que forcément, un moment où l'autre, vous le croisez. Ce qui donne de l'eau à son moulin de trou du cul, et évince dans son cerveau de poule toute possibilité de lâcher l'affaire une bonne fois pour toutes.
Oui, parce que le trou du cul de boite ne désespère jamais. Totalement dénué d'intuition et de bon sens, il comprend rarement qu'au bout de 2h30, si vous ne lui avez donné aucun signal, c'est pas par timidité ou pour faire monter la mayonnaise. C'est que vous vous en tamponnez le coquillard, tout simplement, et que si vous sentez 10 minutes encore son regard affamé, ça pourrait bien mal se terminer.
Le trou du cul de boite a une spécialité : poser des questions cons. Ou peut-être qu'elles paraissent cons parce qu'elles viennent de lui. Non en fait, je crois pas. Un mec qui vient te voir, te tapote l'épaule pour attirer l'attention, te demande de tendre l'oreille que tu tends donc mollement et sans conviction, et te demande : "Salut, tu sors souvent ?", c'est con, venant d'un trou du cul de boite ou pas. Il m'aurait demandé "salut, tu as déjà fait du lancer de javelot ?", ça aurait eu le même effet. Quoique le second aurait presque été drôle.
Le trou du cul de boite s'efforce de créer avec toi une certaine complicité. Complicité étant un grand mot puisqu'elle est évidemment unilatérale. Pour ce faire, il cherche d'abord à instaurer un contact. Si tu portes un chapeau Havana offert par une opération publicitaire, le trou du cul de boite va se mettre en tête de te le retirer et de le poser sur la sienne, de tête. Si tu fais semblant de n'avoir pas remarqué pour ne pas lui faire ce plaisir de rentrer dans son jeu, il te le repose sur la tête en te tapotant le dos.
Le trou du cul de boite est comme ça, et ce soir encore il repartira la queue entre les jambes.
Kmille, en mode-j'aime-pas-les-trous-du-cul-de-boite. Mais-alors-pas-du-tout.